Quand j'étais toute petite, j'étais une miss bordélique. Mon jeu préféré était même "le tremblement de terre". Je rangeais tous mes jouets dans des tiroirs, je simulais un tremblement de terre et j'envoyais tout valdinguer. Puis je rangeais à nouveau et je recommençais. Je ne comptais plus les admonestations de ma mère qui me répétait: "Range ta chambre!"
C'est vers l'adolescence que j'ai commencé à être soigneuse de mes affaires. Disons que je partageais ma chambre avec ma soeur et qu'il fallait respecter l'espace de chacune. Je l'aidais d'ailleurs très souvent à ranger son côté, quand ma mère nous répétait: "Rangez votre chambre!"
Quand je me suis installée avec Piwix, j'ai assez naturellement pris en main l'entretien de la maison. D'autant plus qu'il n'avait pas été éduqué à le faire, comme la plupart des hommes malheureusement. Ca n'a pas duré, je vous rassure, je l'ai obligé à mettre la main à la pâte sous peine de faire la grève de la cuisine, mais j'effectue encore le plus gros des tâches ménagères et surtout, c'est moi qui y pense.
Car en ce qui concerne le désordre, j'arrive très vite à saturation. Ce moment où je désespère de vivre dans une porcherie, où je me munis de mes amis éponge et chiffon et où je brique toute la maison. Mon seuil de tolérance me paraissait normal et c'est en rendant visite à des amis et à des membres de la famille que je me suis rendue compte que je n'étais peut-être pas si normale que ça.
Ils sont bien loin de vivre dans un capharnaüm vivant et n'ont pas à craindre de voir débarquer Danièle et Béatrice de M6. Néanmoins, j'ai souvent les coudes qui me démangent et l'envie de me jeter sur l'aspirateur, surtout chez les gens de ma génération, beaucoup moins chez les plus anciens. (La notion de propreté vient-elle avec l'âge? Est-ce plus facile de tenir une maison quand les enfants sont grands et qu'on est proche de la retraite?) Je me suis vite aperçue que ce que mes hôtes considéraient comme un appartement présentable était bien au-delà de mon seuil de tolérance.
Je me suis alors mise à observer les foyers des uns et des autres et j'ai vite compris: l'appartement de mes parents est d'une propreté virginale ahurissante. Rien qui dépasse, "chaque chose à sa place et chaque place a sa chose" comme dit l'adage. Mon obsession de la propreté avait une origine évidente.
J'ai pris conscience que mon côté maniaque à la naissance de Teemo. Je me souviens être allée voir notre médecin traitant aux premiers mois de Teemo et elle a vite vu que j'étais épuisée. Elle m'a demandé pourquoi et je lui ai expliqué que gérer deux enfants et le ménage demandait beaucoup de temps, et qu'il m'arrivait de me relever la nuit pour faire la vaisselle. Elle m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup aidée: "Et que se passerait-il si vous laissiez la vaisselle sale 2h de plus pour aller vous reposer?" Rien, évidemment. Ce n'est pas la fin du monde. Mais il m'a fallu du temps pour l'accepter.
Ce qui me désole le plus, c'est de m'interdire certaines activités avec les enfants par peur de la saleté. Je tolère les crayons et la pâte à modeler mais uniquement sous ma surveillance, sinon ils sont rangés hors de portée des enfants. Et la pâte à modeler est toujours utilisée par couleur, jamais de mélange, bien sûr... (sauf quand je me suis amusée à mélanger du bleu avec du jaune et du rouge pour expliquer à Poppy l'origine du vert et du violet). Je n'ai jamais pu me résoudre à acheter de la peinture et je remercie grandement
Maman Clémentine de m'avoir poussée à acheter l'Aquadoodle: zéro salissure, un max d'amusement!
Etre maniaque présente des avantages certains mais je vous assure que sentir son coeur s'emballer parce qu'un cube vert se retrouve dans le coffre à jouets et non dans la boîte à formes est désagréable. Je passe constamment derrière les enfants pour ranger, classer, trier. Quelquefois il m'arrive de repousser à plus tard parce que j'ai d'autres choses plus importantes à faire avant, comme me l'a conseillé mon médecin, mais je finis toujours par le faire. Et je me retrouve ainsi à vider complètement le coin jeu des enfants et à tout trier alors que je reviens des urgences et que je suis sensée me reposer (pour une fois que j'étais seule, c'était bête de ne pas en profiter, non?... Ok, je sors).
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Ouf, je respire |
Dernier point important: je suis souvent prise de frénésie de ménage quand je suis déprimée ou face à un problème difficile. Comme si nettoyer la maison m'aidait à me nettoyer l'esprit. Un effet qui est loin d'être anodin...